BIG BOY SYSTEMS, un nom curieux pour une start-up qui développe une technologie tout aussi intrigante. Mais qui se cache derrière ce projet, d’où vient-il et que peut-il nous apprendre sur son entreprise?
Interview avec Samuel Meirlaen, co-fondateur de Big Boy Systems.
Samuel, explique nous en quelques lignes ton parcours.
Avant de me lancer dans l’entrepreneuriat, j’ai été formé au métier d’ingénieur du son à l’IAD (Institut des arts de diffusion), une haute école dédiée aux métiers du cinéma.
De base, j’y suis arrivé un peu par hasard. Ces études m’ont permis d’explorer tous les secteurs professionnels du son. Aussi bien pour le cinéma et les arts audiovisuels que l’acoustique des bâtiments, l’électroacoustique ou l’électronique. Bref, le son sous toutes ses formes.
J’ai toujours été fort investi dans la musique. Pendant mes études secondaires, je fabriquais déjà des guitares électriques et autres instruments de musique avec lesquels je jouais. À l’époque, je m’intéressais au métier de luthier, composer un morceau sur un instrument fabriqué était pour moi le summum du DIY musical. Avec deux parents artistes, créer et combiner des matériaux en tout genre a toujours fait partie de mon quotidien et je me suis prêté au jeu très tôt.

D'où est né Big Boy Systems?

En 2010, alors que j’étais en cours de Stéréophonie à l’IAD, je découvre l’existence du binaural, la méthode de capture sonore que nous utilisons aujourd’hui sur Third-I. Malgré la complexité des phénomènes acoustiques en action pour son fonctionnement, le binaural est d’une simplicité et d’une logique sublime. “Reproduire le son tel qu’un humain l’entend en plaçant des micros dans ses oreilles”. Que dire, il fallait y penser… après quelques écoutes j’étais bluffé!
Rapidement, je me suis demandé si la combinaison de ce son immersif avec une prise de vue stéréoscopique donnerait l’impression de revivre une action “comme si on y était”. Persuadé de ne pas être le seul à tomber sur le concept, je rentre en fin de journée et cherche immédiatement des traces de l’existence d’une caméra 3D et binaurale à la première personne sur internet. Il n’y avait rien, nada! Malgré le temps qui passe et les projets connexes, je reste curieux du sujet, et l’idée persiste.
En 2014, une fois diplômé et de retour de deux années de voyage en Océanie, je me lance. Toutes mes économies passent dans la création de premiers prototypes et en août 2015, juste avant le dépôt de notre brevet, Big Boy Systems voit le jour!
La suite, vous la connaissez: on teste autant que possible nos différents prototypes, on change une dizaine de fois de business modèles et aujourd’hui, notre caméra va enfin pouvoir rencontrer ses utilisateurs!
Pourquoi ce nom atypique ?
Les entreprises actives dans les secteurs proches du nôtre utilisent souvent des termes ou abréviations renvoyant vers le secteur: “immersive quelque chose”, “VR ceci” ou “360 cela”.
On voulait se démarquer en évitant d’être trop descriptif, et donc moins remarquable. Ou à l’inverse, être trop obscur et difficile à retenir. J’aimais renvoyer vers une image plus comique ou légère, avec une touche d’humour et d’imagination. En ajoutant à ça ma taille et qu’on m’appelait en permanence “The Big Boy” en Australie, l’idée de Big Boy Systems est apparue (Big Boy Technologies existait déjà). Tout le monde était partant dès la première Assemblée Générale, c’est donc resté et devenu officiel.
Nous avons toujours des sourires lorsqu’une personne nous rencontre pour la première fois et découvre le nom du projet. Rapidement ils découvrent ce qu’on fait et le nom se grave dans le souvenir de notre interlocuteur. Il est rare de devoir rappeler qui nous sommes après un premier échange, assez pratique!

Lancer une startup, ça a toujours été un rêve pour toi, ou le hasard des choses ?
Le hasard absolument! Mais en regardant en arrière, je remarque que les choses se sont faites assez naturellement. Je n’ai jamais eu beaucoup d’entrepreneurs dans mes connaissances avant le lancement de BBS. Je pensais me destiner a un emploi manuel depuis très tôt, même si je ne savais pas lequel. Au final, mon habitude à “faire moi-même” a pris le dessus et m’a naturellement poussé vers la mise sur pied d’une structure légale pour lancer mon idée, et donc de devenir un startuppeur.
Qu’est ce qui te plaît le plus dans ce que tu fais ?
Mes occupations varient de jour en jour, c’est parfait pour moi. Je sais d’expérience que peu importe mon occupation, je me lasse toujours quand j’atteins la fin de la courbe d’apprentissage. En général, quand je commence à maîtriser tous les aspects liés à mon poste, j’ai beaucoup moins de plaisir à travailler. Je préfère de loin avancer par étapes en variant les tâches et continuer de grimper la courbe. Chez Big Boy Systems, mon occupation bascule en permanence entre nos différent départements et mes problématiques de travail changent radicalement de nature. C’est un plaisir!
« Third-I », troisième œil.. C’est pas un peu un scénario à la Black mirror ?

J’aime beaucoup Black Mirror, je le vois comme une mise en garde des nouvelles technologies de notre génération, et je trouve leur analyse très juste. Au côté d’autres chefs d’oeuvre comme la trilogie “Matrix”, Black Mirror a eu un impact sur la conceptualisation de notre technologie.
Être actif dans le domaine de l’immersion, ou même simplement de la production audiovisuelle nous amène rapidement à des questions éthiques et de protection légale.
Nous remettons souvent en question notre business modèle en prenant en compte ces questionnements et nous cherchons à inscrire notre technologie dans un environnement de transmission de connaissance et d’échange culturel avant tout. Nous sommes conscients des dérives qui pourraient être liées à notre technologie, et il est important pour nous de pouvoir sélectionner notre marché et donc l’usage que nos partenaires font de notre technologie afin de nous assurer qu’il soit en adéquation avec nos valeurs.
Ton moment le plus fort pendant cette aventure de 5 ans ?
Pour l’instant – parce que cette “aventure” a été un véritable rollercoaster émotionnel depuis le début, et c’est sûrement loin d’être fini – je dirais notre passage aux Etats-Unis, et plus spécifiquement à la Silicon Valley en 2018. On a eu l’opportunité unique d’exposer au CES (Consumer Electronics Show), et d’être incubé par la suite pendant 3 mois par The Refiners, à San Francisco.
Un moment incroyable, bien qu’il risque rapidement de se faire surpasser par notre lancement sur le marché en octobre cette année…
Et la suite pour Big Boy Systems ?
Plein de choses! Premièrement le lancement tout bientôt de la V0 de notre caméra pour les entreprises. Notre stratégie est d’abord de servir un marché B2B avec des modèles de plus en plus performants et complexes de notre caméra. En parallèle, on développe notre service de consultance et d’accompagnement sur la mise en place de la technologie. Ce devrait découler sur du software qui accompagne la caméra ainsi que divers accessoires.

Ensuite, à plus long terme et une fois notre innovation implantée dans le secteur professionnel, on va se pencher sur le développement d’un modèle « tout public », pour permettre à tout le monde de capturer ses propres expériences.
Evidemment, comme pour toute nouvelle technologie, nous sommes conscients que les réalités du terrain peuvent être toutes autres et on se laisse donc les portes ouvertes pour s’adapter au marché. Ce projet nous a montré à plusieurs reprises son potentiel et sa résilience. À nous maintenant de canaliser tout ça et d’en faire un succès!
Curieux d’en apprendre encore plus sur sur nous et sur ce que l’immersion peut vous offrir?
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